Un pari perdant : La pression maximale de Trump face à l’agenda agressif de l’Iran

Lors de son premier mandat, Donald Trump a quitté l’accord nucléaire de 2015 (JCPOA) et lancé une campagne de “pression maximale” contre l’Iran. Bien que les sanctions aient lourdement frappé l’économie iranienne, elles n’ont pas réussi à obtenir un nouvel accord ni à modifier les comportements stratégiques de Téhéran. Aujourd’hui, en vue de son deuxième mandat, Trump semble prêt à relancer cette stratégie. Cependant, “Maximum Pressure 2.0” est vouée à l’échec, pour des raisons similaires à celles de son précédent mandat.

La campagne de pression maximale vise à forcer l’Iran à accepter des concessions majeures : le démantèlement de sites nucléaires, des restrictions sur son programme balistique et une réduction de son soutien aux groupes armés régionaux. Cependant, ces demandes ont déjà été catégoriquement rejetées lors de précédentes négociations. Même en brandissant une menace militaire implicite, Trump se heurterait à une réalité stratégique : l’Iran sait que les États-Unis, concentrés sur leur rivalité stratégique avec la Chine, n’ont aucun intérêt à se lancer dans un nouveau conflit militaire au Moyen-Orient. Dans ce contexte, Téhéran pourrait proposer un accord limité, comme une réduction de son stock d’uranium enrichi, tout en refusant de céder sur des points clés. Un tel compromis, bien en deçà du JCPOA, soulignerait les limites de cette stratégie et l’échec de la pression maximale.

Les exportations de pétrole, cruciales pour l’économie iranienne, ont été une cible principale des sanctions américaines. Sous Trump, elles sont passées de plus de 2 millions de barils par jour (b/j) en 2018 à moins de 600 000 b/j en 2019. Cependant, sous l’administration Biden, un relâchement dans l’application des sanctions a permis à l’Iran de remonter à 1,8 million de b/j, principalement grâce à la Chine. Trump et ses alliés envisagent de réimposer des restrictions plus strictes pour asphyxier l’économie iranienne, mais ces efforts risquent d’être contournés par le commerce parallèle et le soutien d’alliés comme la Russie.

Contrairement à 2018, les alliés des États-Unis au Moyen-Orient, tels que l’Arabie saoudite, ne soutiennent plus cette approche de confrontation. Grâce à une médiation chinoise, Riyad a entamé un rapprochement diplomatique avec Téhéran, privilégiant désormais la stabilité régionale à une escalade des tensions. Craignant une reprise des attaques sur ses infrastructures pétrolières, l’Arabie saoudite s’oppose à des actions susceptibles de raviver des hostilités. Par ailleurs, une reprise de la stratégie de pression maximale risquerait de déstabiliser davantage une région déjà fragile, exacerbant les tensions sans fournir de solution durable au problème nucléaire.

Le défi d’un changement de régime

Malgré les sanctions, l’Iran continue de contourner les restrictions avec le soutien de partenaires comme la Corée du Nord et la Russie. En parallèle, le régime des mollahs renforce son influence régionale à travers ses proxys, armant et finançant des groupes au sein du “croissant chiite” en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen. Plus préoccupant encore, l’Iran cherche désormais à étendre son influence jusqu’en Tunisie, où il finance la construction de plusieurs mosquées chiites – une première dans l’histoire moderne de ce pays à majorité sunnite malékite. Le chiisme, longtemps marginal en Tunisie, voit sa présence croître depuis la révolution iranienne de 1979, favorisée par des associations soutenues par le régime iranien. Ces efforts soulignent un agenda expansionniste qui pourrait transformer la Tunisie en un nouveau proxy de l’Iran. Une telle évolution risque de fracturer davantage la société tunisienne, alors que des voix conservatrices dénoncent déjà cette montée d’influence.

L’expérience de 2018-2020 montre que la “pression maximale” renforce les factions les plus dures en Iran, qui exploitent la menace extérieure pour justifier une répression accrue. Malgré une économie affaiblie, Téhéran a non seulement poursuivi son programme nucléaire, mais a également intensifié son soutien aux groupes armés régionaux. En outre, cette politique unilatérale alimente la méfiance des partenaires européens et régionaux des États-Unis, érodant leur soutien et compliquant toute tentative de réponse coordonnée aux défis posés par l’Iran.

La stratégie de “pression maximale” a déjà montré ses limites et échouera à produire des résultats significativement différents cette fois-ci. Elle risque non seulement d’aggraver l’instabilité régionale, mais aussi de nuire à la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale. Face à l’agenda agressif du régime iranien, illustré par son influence croissante dans les pays de la région, de la péninsule arabique jusqu’en Afrique du nord, il devient évident que toute tentative de compromis ou de coopération internationale sans s’attaquer directement à l’arsenal nucléaire iranien ne sera qu’un leurre. Les politiques fondées sur des sanctions économiques ou des négociations limitées n’ont jusqu’ici pas réussi à freiner les ambitions stratégiques de Téhéran. Si les États-Unis souhaitent réellement contenir les ambitions régionales de l’Iran et restaurer une forme de stabilité, leur stratégie doit aller au-delà d’une simple pression économique ou militaire et viser un changement de régime à Téhéran.

Une telle politique, combinée à une action résolue contre le programme nucléaire iranien, mettrait les pays du Golfe devant le fait accompli. Bien que ces derniers puissent initialement hésiter, ils finiraient par se rallier aux États-Unis en comprenant que cette fois-ci, l’objectif de Trump serait d’en finir avec le régime des mollahs, ouvrant la voie à une nouvelle ère politique pour l’Iran. Cela pourrait inclure le retour de figures comme le Chah d’Iran Reza Pahlavi, qui symbolise une alternative laïque et pro-occidentale. Une telle démarche, bien qu’ambitieuse, pourrait redéfinir l’équilibre régional en affaiblissant définitivement l’influence iranienne et en offrant une vision claire d’un Moyen-Orient débarrassé de la menace du régime actuel.

Ghazi Ben Ahmed

Founder and President

Ghazi Ben Ahmed

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